Urbis hypermnesis

Reprendre, détourner les codes de la cartographie contemporaine, c'est là l'objet principal de la recherche commune de l'équipe d'"Urbis Hypermnsesis". L’idée est de concevoir une carte des faits urbains oubliés par les outils classiques de la cartographie et de l'urbanisme, nourrie par l’exploration du quartier Belcier, un quartier de la ville de Bordeaux en pleine mutation car situé dans la zone concernée par l’opération Bordeaux Euratlantique.

Crédit photo : Thierry Lafollie Crédit photo : Thierry Lafollie

La carte dit-elle tout du territoire ?

par Joëlle Bordeau, auteure

Qu’est ce qui s’efface quand le plan se redessine ?

Peut-on remettre en jeu et en question les codes de la cartographie ?

En convoquant la figure de l’hypermnesie, ou capacité à se souvenir de tout, peut-on concevoir une carte des faits urbains « oubliés » par les outils classiques de cartographie urbanistique ?

Ils s'intéressent

Pour approcher ces questions, trois passionnés de cartographie, objet quotidien chargé d'émotion, objet médian entre l'art et la science : un illustrateur, Thierry Lafollie, un géographe, Yohan Sahraoui et un constructeur électronicien, Guillaume Apremont.

Instinctivement, Jorge Luis Borges, éclaire leur chemin. Auteur aveugle à la mémoire encyclopédique, il décrit toute sa vie un Buenos Aires fantasmé, rémanence d’une ville déjà̀ disparue dont il garde le souvenir intact.

Ils cheminent ainsi vers la cartographie radicale, une branche de la cartographie qui s'interroge sur ses fondements.

Aucune carte n’est digne d’un regard si le pays de l’utopie n’y figure pas.

Oscar Wilde —

Ils questionnent

Ils interrogent la cartographie contemporaine dans sa nature à oblitérer le réel ou à le faire sien.

Est-ce que le plan d'urbanisme raconte tout ? Que raconte-t-il dans les lignes et les vides ? Que ne raconte-t-il pas ? Peut-on se souvenir de tout ? Peut-on fabriquer une carte révélant le visible et l'invisible, l'affectif, l'ambiance dégagés par le territoire ?

Ils s'interrogent à l’aune de ce terrain côtoyé : la transformation du quartier Belcier dans le cadre de l’opération Bordeaux-Euratlantique. 

Il est question de la représentation du visible et de l'invisible.

Il est question d'objectivité et de subjectivité.

Il est question du "sauvage" et du non maîtrisé dans la vile.

Ils observent, arpentent, rencontrent

Ils confrontent le plan d'urbanisme du quartier et un monde caché, secret, accessible par l'exploration, la déambulation, la collecte, la rencontre.

Ils recensent le "sauvage", ces choses sensibles qui font la richesse d'un territoire pour le cartographier comme une couche d'information géographique.

Ils proposent

Fort de cette exploration, ils proposent de produire un objet plastique qui reprendra et détournera les codes de la cartographie contemporaine. Dévoiler ce qui n’est pas sur la carte officielle. Ce qui a été effacé, oublié, non considéré. Une forme de “base de données” des oublis cartographiques d’Euratlantique. Un dialogue entre la création d’un objet plastique, basé sur cette géographie du sensible du quartier Belcier, et un outil technique de visualisation des paysages.

Mise à jour le 09/10/2019

Partenaire(s) :

Les petits débrouillards Aquitaine pour l'aide à la conception et réalisation de la table cartographique. / L'Alternative Urbaine Bordeaux pour la co-construction des visites de quartier et guide de découverte du quartier.